Durant mon séjour sur l’île du Spitzberg au Svalbard, j’ai pu découvrir une multitude d’espèces d’oiseaux. Voici tous les animaux que j’ai eu la chance d’observer durant mon séjour.
La sterne arctique, la petite agressive
J’avoue avoir adoré admirer les sternes arctiques voler, pêcher, interagir entre elles. Agiles, gracieuses, légères, elles sont très reconnaissables avec leur bec et leurs pattes rouges vifs. On retrouve les sternes arctiques dans les régions circumpolaires l’été, et le long des côtes de l’Afrique australe, de l’Amérique du Sud et au sud de l’Australie durant l’hiver. Ce sont donc des oiseaux migrateurs, de grands voyageurs qui traversent le globe entier en fonction des saisons. Elles peuvent parcourir jusqu’à 20 000 km lors de leurs migrations. Petites mais robustes, elles peuvent vivre jusqu’à 34 ans.
Les sternes arctiques nichent et font leur nid à même le sol, mais toujours proche d’un point d’eau. Mâles et femelles s’occupent ensemble de la couvaison et du nourrissage des petits. Les sternes arctiques sont très protectrices envers leurs petits et leur nid. Elles peuvent être très agressives si nous nous montrons un peu trop curieux.
Anecdote racontée par Paul notre guide : dans le groupe qui nous a précédé, une personne un peu trop curieuse, s’est approchée du nid pour prendre une photo. Les sternes n’ont pas du tout apprécié cette intrusion. Après quelques cris et vols de dissuasion, les sternes ont déclenché leur super attaque : le lâché de cacas. La personne s’est fait repeindre complètement son k-way. Donc, si vous ne voulez pas vous prendre une volée d’excréments de sternes en colère, un conseil, si vous les voyez crier contre vous, fuyez !

Sterne arctique qui pêche
Le guillemot à miroir, le petit pingouin du Svalbard
Les guillemots à miroir vivent essentiellement dans les régions froides, notamment en Atlantique. Pas de migrations pour ces oiseaux qui affrontent ensemble l’hiver polaire. Blancs et noirs avec des pattes rouges vifs, les guillemots à miroir appartiennent à la famille des pingouins (Alcides). Mâles et femelles ont la même apparence. L’espèce peut vivre jusqu’à 20 ans. Les guillemots vivent en colonie et nichent dans les éboulis rocheux et les falaises côtières. Ils se nourrissent principalement de poissons et de crustacés. L’hiver ils plongent dans les eaux profondes pour aller chercher leur nourriture.
Assez farouches, ils sont difficiles à photographier. A la moindre alarme, ils plongent en une fraction de seconde et ressortent des mètres plus loin. Il faut donc être rapide et très doux pour prendre un cliché. Si la plupart sont timides, il y a en a qui curieusement, n’ont pas froid aux yeux. L’un d’entre eux s’est même invité avec nous parmi les kayaks (photo en-dessous).

Guillemot à miroir

Guillemot à miroir au milieu des kayaks, Svalbard
Le fulmar boréal, l’oiseau des tempêtes
Le fulmar boréal, appelé aussi pétrel fulmar, nous a bien fait rire. Avec lui, vous assisterez à des démonstrations de hautes voltiges, avec notamment des vols en rase-motte ultra maîtrisés. Il est également le maître du vol plané. Appelé « l’oiseau des tempêtes », le fulmar boréal, possède des ailes dont la configuration lui permet de voler même dans les pires conditions météorologiques. L’oiseau est reconnaissable, entre autres, à ses narines formant des petits tubes.
Principale particularité : le fulmar boréal possède une glande de désalage de l’eau de mer lui permettant de la boire. Le sel est rejeté au niveau des narines. Pratique n’est-ce pas ? On comprend alors comment il peut passer tout son temps en haute mer, ne rentrant sur terre que pour s’y reproduire.
Pour se défendre, le fulmar envoie une huile nauséabonde sur ses prédateurs, entraînant souvent la mort de ce dernier s’il s’agit d’un oiseau. Moins agressif que les sternes, je n’ai pas entendu d’histoire de repeignage de K-way à l’huile de pétrel, mais dans le doute, mieux vaut les laisser tranquille. Le fulmar boréal peut vivre jusqu’à 34 ans. Il se nourrit essentiellement de poissons, crustacés, plancton, céphalopodes (calmars, seiches…). Durant la période de reproduction, il pond un seul œuf, à même la roche dans les anfractuosités des falaises côtières.

Fulmar boréal, volant au Svalbard
Le labbe à longue queue, notre oiseau domestique
Il est apparemment très rare de voir des labbes à la longue queue au Spitzberg. Pour autant, j’ai eu la chance d’en observer un de très près. Très curieux, l’oiseau revenait régulièrement près du campement et il n’était pas rare qu’il s’approche très près de nous. Je m’amusais à l’appeler « notre labbe domestique ». Si le labbe à longue queue nidifie dans l’Arctique, le Spitzberg n’est pourtant pas sa terre de prédilection.
Pour se nourrir, il chasse par lui-même, et chipe également sa nourriture des autres oiseaux en les harcelant. Il se nourrit principalement de petits oiseaux et de rongeurs. Au Svalbard, il n’y a pas de rongeurs, d’où peut-être la rareté de la présence de l’oiseau sur l’archipel. Opportuniste, il a vite compris que humain était égal à nourriture facile. Il est bien évidemment interdit de nourrir les animaux sauvages. Attention donc à ne pas laisser traîner de nourriture près de la tente mess !
Le labbe est assez élégant quand il vole. Attention à ne pas le confondre avec le labbe parasite qui lui ressemble beaucoup. La seule manière de bien le différencier est la longueur de sa queue. Le labbe à longue queue peut vivre jusqu’à 50 ans.

Labbe à longue queue

Labbe à longue queue, Svalbard
Le labbe parasite, le pirate de l’arctique
Le labbe parasite se distingue du labbe à longue queue par la taille de sa queue, plus courte. Il est assez commun au Svalbard. Excellent voilier, le labbe parasite vole de manière agile, rapide et directe, parfait pour jouer le parasite. En effet, le labbe se nourrit en harcelant les sternes et les mouettes, jusqu’à ce qu’elles lâchent leur proie, qu’il leur vole ensuite. Si si c’est vrai, je l’ai vu à l’oeuvre. Pauvre sterne, elle m’a vraiment fait de la peine. La technique du labbe pour se nourrir lui a valu le surnom communément admis de « pirate de l’arctique ». C’est également un grand prédateur d’oiseau. Pour autant, ça n’en fait pas un oiseau méchant, du moins pas pour les humains.
Les couples de labbes sont fidèles à vie et couvent ensemble les œufs. Le labbe parasite est très territorial et peut devenir très agressif si on s’approche de son nid.

Labbe parasite
Le grand labbe, le terminator des oiseaux
Le grand labbe est un oiseau migrateur qui quitte le Spitzberg l’hiver pour le nord de l’équateur. Sa nidification au Svalbard est assez récente. Le grand labbe est un prédateur redoutable. Voleur comme le labbe parasite, il dérobe la nourriture des goélands et Fou de bassan. Tous les oiseaux sont ses proies (canards, macareux…), les adultes comme les jeunes et les œufs. Nous avons pu en observer sur une petite île qui fait face au glacier dans le fjord d’Ekman. Ils nous surveillaient d’un œil attentif, pas question d’approcher leurs œufs.

Grands labbes nous surveillant depuis leurs nids.
La mouette tridactyle
La mouette tridactyle est présente dans le nord du Pacifique et de l’Atlantique. On peut notamment la voir en Bretagne. L’espèce est commune au Svalbard. Elle est particulièrement reconnaissable par ses pattes palmées noires à trois doigts et son bec jaune. Animal grégaire, la mouette vit en colonie et chasse en bande. Espèce marine, il est plutôt rare de la trouver sur terre où ses pattes mal adaptées à la marche l’handicapent. La mouette tridactyle est piscivore, elle se nourrit exclusivement de petits poissons, crustacés et mollusques. Elle peut vivre jusqu’à 20 ans.

Mouette tridactyle
L’eider à duvet
L’eider à duvet vit principalement dans l’hémisphère nord. On peut en trouver en France durant l’hiver, en Bretagne principalement. L’eider à duvet est concrètement un gros canard. Durant mon séjour, je n’ai pu voir que des femelles. C’était par contre la saisons des bébés. J’ai donc pu observer plein de gros poussins duveteux. Mâle et femelle sont très différents. Impossible de se tromper. La femelle a un plumage brun, tandis que le mâle est blanc et noir. Les deux sont trapus comme des oies. Grand plongeur, l’eider à duvet peut atteindre les 25 mètres de profondeur pour pêcher mollusques et crustacés. Il niche sur le littoral, près des lacs et des cours d’eau.

Femelle Eider à duvet et ses poussins
La bernache nonnette
La bernache nonnette est facilement différentiable de sa cousine la bernache cravant par sa tête en partie blanche (noire pour la cravant). La bernache vit uniquement au Groenland, Spitzberg et Nouvelle-Zemble. Elle hiverne cependant sur les côtes de l’Europe occidentale. Elle est assez commune au Svalbard. Grégaire, la bernache nonnette vie toujours en groupe. Elle se nourrit essentiellement de végétaux et de graines. Agiles dans les airs, elle court également assez rapidement sur terre, du moins c’est ce que j’ai pu observer.
Le bécasseau violet
Pas évident de distinguer les bécasseaux entre eux, mais celui-ci se reconnaît par ses pattes courtes et jaunes. Il est assez commun au Svalbard, mais sa petite taille et son pelage brun aux couleurs de la toundra, le camouflent bien et le rendent difficile à observer et à photographier. L’été, il évolue principalement dans la toundra et l’hiver sur l’eau. Il se nourrit essentiellement d’insectes, de mollusques et de crustacés.

Bécasseau violet dans la toundra du Svalbard
Le bruand des neiges, l’oiseau du froid
Comme son nom l’indique, le bruand des neiges aime le froid et s’est installé dans les pays nordiques. Mise à part une population sédentaire en Islande, le bruand des neiges est une espèce migratrice qui hiverne dans les grandes plaines de l’Europe centrale. Quand les conditions climatiques sont rudes, le bruand creuse une cavité dans la neige pour s’abriter. Il est parfois arrivé de retrouver ce petit oiseau au Pôle Nord géographique. Outre sa couleur blanche, c’est peut-être de cette technique de repli qui lui vaut son surnom « des neiges ». Son habitat de prédilection reste toutefois les milieux rocailleux.
Il se nourrit d’insectes et de graines et peut vivre jusqu’à 8 ans. Nous avons eu la chance de l’observer quelques heures avant de quitter la toundra pour rejoindre Longyearbyen.

Bruand des neiges sur son sommet rocailleux
Si le Svalbard abrite quelques espèces de mammifères, il est surtout le royaume des oiseaux qui y vivent par milliers. La diversité des espèces pouvant être observées sur l’archipel attire les ornithologues du monde entier. Je n’étais pas forcément une grande fan d’oiseaux avant de visiter l’archipel, mais pourtant ça a été un véritable plaisir de les découvrir et de les observer. Une fois sur place, dans leur lieu de vie, on vient vite à s’en passionner.
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