La flore et la faune polaire notamment en Arctique, ont développé des stratégies ingénieuses au fil du temps pour survivre dans le grand nord et lutter contre le froid. Voici quelques stratégies ingénieuses développées durant des milliers d’années par la vie des régions boréales et que j’ai pu observer durant mes randonnées en Arctique.
On imagine souvent le grand nord comme une région totalement vierge, recouverte de glace, où vivent ours blancs, phoques et renards polaires. Si ce paysage est plutôt vrai en hiver, l’été, le paysage se transforme. La neige fond et découvre la toundra. Le terme « Toundra » provient du finlandais tunturi qui signifie « plaine sans arbres », ce qui n’est pas tout à fait exact. En effet, quelques arbres comme le saule polaire ou le bouleau nains subsistent même à de très hautes altitudes. Et s’il est vrai que la toundra comporte très peu d’arbres, elle compte près de 2 000 espèces de plantes différentes ! Parmi elles : fleurs, mousses, lichens, arbres… A ces latitudes, mêmes les étés demeurent bien frais, pouvant être parfois saupoudré de neige dès le mois d’août. La saison estivale est également très courte. Les plantes polaires ont donc un temps limité pour se développer et profiter des températures positives et de la lumières 24 heures sur 24. Elle doit également trouver les ressources pour grandir malgré le faible niveau de nutriment du sol. Ce dernier est également mince, car limité par le pergélisol, les plantes arctiques ne peuvent donc pas développer profondément leurs racines. Face à toutes contraintes climatiques, les plantes du grand nord ont développer des stratégies stupéfiantes pour survivre au froid, dont en voici quelques unes.
De leur côté, les animaux du grand nord ont également développer des tactiques de survit similaires aux plantes. Ils sont de leur côté, peu nombreux à peupler les terres froides du grand nord. On compte en effet une vingtaine d’espèces terrestres, dont en voici quelques unes.
Le nanisme pour lutter contre le vent
Se faire petit est une stratégie de la flore arctique pour survivre. En effet, en restant près du sol, elle profite de sa chaleur. Durant l’hiver, les plantes profitent également de la couverture de neige isolante. Le nanisme est ainsi une tactique astucieuse de survie des plantes du grand nord. Celle-ci se retrouve notamment chez le saule polaire et le bouleau nain qui ne dépassent parfois pas 5 centimères de hauteur. Attention donc où vous mettez les pieds en randonnée, vous pourriez marcher sur une forêt ! Les arbres ne sont pas les seuls à adopter le nanisme, les fleurs aussi. Nombre d’entre elles sont « acaules », c’est-à-dire, qu’elles ne possèdent pas de tiges et restent le plus proche du sol possible.
La faune nordique fait aussi appel au nanisme pour survivre aux conditions rudes des climats polaires. Les rennes du Svalbard sont ainsi plus plus petits et plus trapus que leurs cousins scandinaves, plus grands et élancés. Les renards polaires sont également plus menus que les renards roux avec une queue plus courte. Loups et lièvres arctiques sont également de plus petites tailles que leurs homologues des climats tempérés. Les oreilles du lièvres sont notamment plus courtes pour éviter l’évapotranspiration et conserver un maximum de chaleur.
Se coller pour mieux se protéger
On les retrouve ainsi souvent sous forme de coussin comme les saxifrages à feuilles opposées et les silènes acaules. Cette forme bombée leur permet de se serrer les unes contre les autres pour conserver chaleur et eau. Cette formation arrondie et rétrécie leur permet également de réduire la prise aux vents. J’ai pu croiser ces deux types de fleurs dans l’Arctique, au Svalbard et au Groenland mais aussi dans nos montagnes françaises, dans les Alpes. Leur pétales rose-violet colorent la toundra et les paysages nordiques l’été. Une technique adoptée par les manchots empereurs en Antarctique, pour lutter temporairement contre les blizzards et autres tempêtes polaires.
Des poils contre le froid
Certaines plantes revêtent un petit duvet sur leurs feuilles et leurs tiges. Une petite doudoune pour rester au chaud qu’elles portent toute l’année. Si vous avez l’occasion de caresser délicatement leurs feuilles, vous ressentirez un petit velour sur les doigts. J’ai notamment pu observer ce phénomène chez le saule laineux qui rampait sur les terres d’Islande et le pavot du Spitzberg, pavot le plus septentrionnal au monde. Ce petit coquelicot polaire est même l’un des symboles de l’archipel.
Chez la faune polaire, le pelage s’épaissit à l’arrivée de l’hiver. Renards, rennes et lièvres arctiques se parent d’une toison épaisse et isolante pour contrer le froid mordant. Le renard arctique, malgré sa petite taille, peut affronter des températures pouvant chuter jusqu’à -50°C ! Je n’ai pour ma part, pas eu l’occasion de les admirer dans leur manteau touffu de neige, mais avec leur poil court brun de l’été, donnant à leur corps un aspect menu et élancé et à leur regard, un petit air rusé et chapardeur.
Grossir pour s’endurcir
Certaines plantes possèdent des feuilles plus épaisses dans le but d’éviter l’évapotranspiration sous l’effet des vents violents desséchants. De même, après avoir mangé à foison tout l’été, certaines espèces arctiques ont refait leur réserve de graisse et sont fin prêts à affronter les périodes de disettes hivernales. La couche de graisse leur permettra également de mieux s’isoler du froid et de conserver la chaleur. J’ai ainsi pu voir les rennes au Svalbard manger goulûment les plantes de la toundra arctique avant les premiers froids de l’hiver.
Changer de couleur pour capter la chaleur
Certaines espèces de plantes polaires changent de couleur pour mieux absorber lumière et chaleur. C’est notamment le cas du bleuet arctique qui devient rouge à la fin de l’été pour capter tout le spectre de lumière. Chez les animaux du grand nord, le renard polaire, le renne du Svalbard ou encore le lagopède alpin change la couleur de leur parure aux changements de saison, devenant blanc l’hiver, et brun l’été. Le lagopède change même de couleur à l’arrivée de l’automne recouvrant un autre brun, trois couleurs en une année, le champion du camouflage.
Il existe encore bien d’autres stratégies pour s’adapter aux autres contraintes du climat polaire : la forme des pétales, des sabots, le régime alimentaires, la période de reproduction… cette liste n’est donc pas exhaustive mais présente quelques adaptations que j’ai notamment pu observer durant mes années de pérégrination dans le grand nord et dans les montagnes.
Quelques liens utiles :
www.naturalista.mx/taxa : tapez le nom de la fleur que vous recherchez dans la barre de recherche et vous trouverez les endroits de la planète où la voir.
svalbardflora.no : toutes les plantes du Svalbard.
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