Le Canada est connu pour ses vastes et profondes forêts, et à raison, puisqu’il est le deuxième plus grand pays au monde détenteur de forêts et autres surfaces boisées. Au Québec, 46% du territoire est recouvert de forêt, soit plus que la superficie totale de la France. Voici une poignée d’arbres que l’on peut voir au Québec et notamment, dans la région de la Mauricie.
Le bouleau à papier (Betula papyrifera)
On l’appelle « bouleau à papier » car son écorche blanche se détache facilement et naturellement de son tronc en larges bandes légères. Il peut supporter le grand froid (-60°C). D’une croissance rapide, le bouleau vit entre 80 et 140 ans. Je l’ai croisé partout au Québec durant mon périple en canoë. Le soir, après avoir monté le campement, le groupe allait chercher du bois : des petites branches et des grosses bûches. L’écorce de bouleau semé un peu partout dans la forêt par le vent, était alors parfait pour démarrer le feu et embraser le petit bois sec. Ainsi, même après la fin de notre expédition, quand nous n’avions plus à nous soucier du feu, l’une des membres de notre groupe, Luisa, ne pouvait s’empêcher d’en repérer parmi les arbres et de s’exclamer à chaque fois : « des bouleaux ! ».
Histoire
Pour les Amérindiens le bouleau était précieux. L’arbre était vénéré et considéré comme sacré car il leur était indispensable. Son écorce servait pour beaucoup de choses. Eux aussi s’en servait pour démarrer leur feu, mais surtout, il servait à la fabrication des canoës. Ces derniers leur permettaient de naviguer sur les nombreuses rivières et lacs du pays, de chasser, de pêcher et de se déplacer.
Le bouleau à papier pousse en Amérique du Nord, mais d’autres espèces de bouleaux, comme le berruqueux, poussent en Europe. On en trouve beaucoup dans le Nord, notamment en Scandinavie. Chez les Vikings, le bouleau était consacré à Thor. On suspendait alors des branches près des habitations pour les préserver de la foudre.
Propriétés médicinales
Sa sève peut être consommée en sirop ou en vin. Elle a des propriétés toniques, diurétiques et laxatives. Ses feuilles peuvent se prendre en décoction contre les infections urinaires, l’arthrite ou la rétention d’eau. L’écorce peut se prendre en décoction pour ses propriétés anti-inflammatoires antivirales et anti-tumorales.
Le bouleau jaune (Betula alleghaniensis)
Ce bouleau, en comparaison au bouleau à papier, n’est pas blanc et son écorce fine et légère, se détache en frisant. C’est un peu avec surprise que notre guide québecoise, Rébecca, nous l’a présenté comme « merisier ». Ce nom populaire est en fait un terme purement canadien et est donc plutôt déroutant pour nous, car le merisier français est une espèce bien différente ! Ce terme canadien s’explique par la similitude de ses feuilles avec notre merisier européen.
Histoire
Le bouleau jaune est l’arbre emblématique du Québec depuis 1993. Il est l’un des plus grands arbres de la forêt laurentienne. Fait heureux pour lui, son tronc ne flotte pas, ce qui lui a ainsi permis d’échapper à la dévastation amenée par l’industrie du papier qui draguait les arbres essentiellement par les rivières.
L’épicéa dite « épinette » (Picea glauca)
L’épinette nous a suivi tout le long de notre périple en canoë, le long de la rivière Batiscan. C’est bien elle qui contribue à la beauté de ces paysages verts aux allures d’arbres de Noël, même en plein été. Il n’est d’ailleurs pas toujours simple pour un novice, de la différencier du sapin. Mais l’oeil affûté de notre guide québecoise savait tout de suite, même à distance, faire la différence. Voici quelques indices pour ne pas les confondre :
L’épinette (picea glauca) | Le sapin (Abies) |
Ses aiguilles sont quadrangulaires. Elles roulent de manière cubique sous les doigts. | Ses aiguilles sont plates. |
Ses aiguilles sont généralement vert-bleuté. | Ses aiguilles sont bien vertes. |
Ses aiguilles sont disposées en spirale tout autour du rameau. | Ses aiguilles sont disposées de chaque côté de la branche. |
Ses cônes pendent à l’extrémité du rameau. | Ses cônes sont dressés vers le ciel et fixés de chaque côté de la branche. |
L’épinette est beaucoup utilisé en Amérique du Nord comme arbre de Noël. Le voici dont notre faux sapin !
Elle forçait également pas mal l’admiration avec sa façon de pousser partout, même sur les terrains les plus rocailleux comme les gros rocs le bord de la rivière, où la couche végétale est infime ! Fait intéressant à savoir sur l’épinette, elle ne se reproduit pas seulement par ses graines mais aussi par marcottage, c’est-à-dire par le contact de ses racines avec le sol, les racines s’y développent et forment un autre arbre, un clone de lui-même.
Histoire
Son nom « épinette » vient des premiers colons qui la nommèrent ainsi à cause de sa ressemblance avec le pin et de ses « épines ». Les Amérindiens utilisaient sa résine comme gomme à mâcher et comme colle imperméable. Ils se servaient de ses aiguilles pour en faire des décoctions, avec lesquelles ils mêlaient les aiguilles du thuya et du sapin baumier pour réaliser une boisson tonifiante riche en vitamne C. C’est notamment cette boisson qui permi aux colons européens de guérir du scorbut. Ils utilisaient également ses racines pour fabriquer un cordage solide appelé « watap ». Ils s’en servaient notamment dans la confection des canoës.
Le plus vieil arbre du monde est une épinette (épicéa) située en Suède et qui aurait environ 9 550 ans.
Le sapin baumier (Abies balsamea)
Le sapin baumier vit entre 70 et 150 ans. Utilisé lui aussi comme arbre de Noël, il est aussi utilisé pour la construction de meubles. Il n’était pas toujours aisé de le différencier de l’épinette qu’il cotoie dans les grandes forêts du Québec. Il en existerait 83 espèces dans le monde dont 9 américaines.
Histoire
Le premier sapin de Noël daterait de 1539 et aurait été dressé pour la première fois dans la cathédrale de Strasbourg. Un ancien culte germain était voué au Sapin, habitat préféré d’un dieu nommé Vogesus qui donna d’ailleurs son nom aux Vosges françaises.
Les Amérindiens s’en servaient également beaucoup. Son écorce servait à se chauffer, tanner les peaux, préparer les décoctions contre la fièvre, les ulcères et les plaies. Sa résine, leur servait quant à elle, de pansement antiseptique, de colle imperméable et de gomme à mâcher.
Propriétés médicinales
Ses jeunes pousses en décoction ont des propriétés antiscorbutiques, laxatives et toniques. Son écorce a quant à elle, des propriétés antiseptiques, diurétiques et analgésiques.
Le thuya occidental ou « cèdre blanc » (Thuja linné)
Le thuya occidental peut vivre de 400 à 1000 ans, sa croissance est plutôt lente. Il fût utilisé pour fabriqué des canoës.
Histoire
Importé en Europe par Jacques Cartier en 1534, le thuya occidental fût offert en cadeau au roi François 1er. Les Amérindiens utilisaient ses rameaux en décoction comme source de vitamine C et permirent grâce à elle de soigner les colons atteints du scorbut. C’est pour cette raison que Jacques Cartier le surnomma « arbre de vie ».
Les colons l’ont qualifié à tord « cèdre blanc », à cause de ses propriétés aromatiques et médicinales similaires à celles du cèdre du Liban. Pourtant, le thuya apparatient plutôt à la famille des cyprès.
Son bois léger est résistant à la pourriture.
Le pin blanc (pinus strobus)
Le pin blanc peut vivre jusqu’à 450 ans. Il sert à toutes sortes de construction. C’est le plus grand conifère de l’Est du Canada. Chaque étage de branche séparé par un espace libre sur le tronc représente une année de croissance. En Californie, certains pins blancs font partie des plus vieux arbres du monde et atteignent près de 5 000 ans.
Histoire
Le pin blanc a été surnommé « l’abre de paix » par les Iroquois lors du traité de « La grande paix de Montréal » en 1701, entre Français et autochtones, qui mit fin à près de 100 ans de guerre entre ces deux nations. Depuis, il est devenu l’emblème de la « Ligue des 5 Nations » (confédération iroquoise).
Propriétés médicinales
La résine fraîche peut être appliquée directement sur une plaie pour la désinfectée. On peut aussi la consommer en cas de troubles pulmonaires chroniques.
Les forêts du Canada sont sublimes, vert tonique l’été, elles se colorent d’or, d’orange et de rouge durant l’automne. Elles sont également l’habitat d’une faune étonnante : orignaux, caribous, ours noirs, pygargues à tête blanche… Si la semaine canoë que j’ai faite m’a totalement ravie, j’avoue avoir ressenti une petite pointe de frustration de ne pas pouvoir randonner dans ces bois magnifiques.
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