Le canoë est au Canada ce que le kayak est au Groenland. Le canoë est le moyen de déplacement ancestral des Indiens d’Amérique du Nord, à tel point qu’on le nomme parfois « canoë canadien ». Les Québecois l’appellent quant à eux « canot ». Elegant, rapide et souple, c’est une embarcation qui permet de visiter le Québec avec un autre regard, depuis la rivière, à la manière des autochtones d’autrefois.
J’ai découvert le Canada, et notamment la région de la Mauricie au Québec en canoë. Après un petit cours préalabe au centre nautique de Mattawin, nous avons embarqué en train. Canoë et barils chargés, celui-ci nous a déposé en plein milieu de la voie, au pied de la rivière Batiscan, affluent du fleuve Saint-Laurent. L’aventure commençait. 5 jours complets de canoë sur cette rivière alternant zones calmes relaxantes, et rapides où les R1 laissent régulièrement places aux R2, R3 et R4, faisant grimper l’adrénaline.
Le canoë
En France, on parle souvent de « canoë-kayak« . Une expression qui porte à confusion, donnant l’impression que ces deux esquifs sont une seule et même embarcation. Le canoë et le kayak sont pourtant différents. Petit tableau comparatif de chacun.
Le canoë | Le kayak |
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Le canoë est une embarcation ouverte. | Le kayak est une embarcation fermée. |
Le canoéiste est assis sur les genoux. | Le kayakiste est assis sur les fesses, dans un hiloire souvent recouvert par une jupe pour empêcher l’eau de rentrer dans l’embarcation. |
Le canoë se dirige à l’aide d’une pagaie simple. Le geste est gracieux, le mouvement part de la taille et n’implique pas seulement un travail des bras. | Le kayak se dirige à l’aide d’une pagaie double, tout le haut du corps est sollicité pour pagayer. |
Le canoë a été créé par les Indiens d’Amérique du Nord. | Le kayak a été inventé par les peuples inuits des régions arctiques. En groenlandais on écrit « qajaq ». |
Le canoë est pratiqué en rivière ou sur les lacs. | Le kayak est pratiqué non seulement en rivière, mais également sur la mer. On parle alors de « kayak de mer ». |
L’équipement pour une expédition canoë
Quand on part plusieurs jours en canoë pour une itinérance en autonomie complète, il faut tout emmener avec soi. On embarque alors des barils étanches contenant nos provisions, les ustensiles pour cuisiner, notre matériel de campement, nos effets personnels, etc.
Ensuite, on a le choix entre porter des combinaisons néoprènes avec chaussons ou porter des vêtements secs qui finiront de toute manière mouillés dans la journée.
Pour finir, il y a l’équipement de sécurité : gilet de sauvetage et casque. Le casque peut être enlevé dans les parties calmes de la rivière, remplacé par une casquette et il doit être porté dans les rapides.
Enfin bien sûr, il y a le canoë d’expédition et une pagaie, plus grande ou plus petite selon sa taille.
Une pagaie simple = un côté
En canoë, la pagaie simple incite à choisir le côté où l’on se sent le plus à l’aise pour pagayer. On est alors « bordé à droite » ou « bordé à gauche ». Notre côté choisi, on limite autant que possible les changements. Toutefois, il peut arriver de faire ce que l’on appel un « appel débordé », on change alors de côté exceptionnellement pour mieux orienter la direction du canoë.

Rebecca, notre guide, en canoë sur la riviière Mattawin.
Cordelage et portage
Les rapides font partie intégrante des rivières. Leur niveau varie de 1 à 5, 5 étant le niveau le plus élevé, considéré comme infranchissable par les canoéistes (ou canotiers en québecois). Certaines sections ne sont pas toujours navigables aisément et selon le niveau, il peut être préférable de ne pas s’y engager. Dans ce cas-là et selon la topographie du rapide, deux choix s’offrent à nous: soit on cordelle, soit on portage.

Yann et Marina en canoë sur la rivière Batiscan au Canada
Cordeler
Le choix préféré de notre groupe pendant tout le séjour ! Cordeler, c’est retenir son canot à l’aide d’une corde. Il y a deux manières de faire. Si le niveau d’eau et la force du courant le permet, on marche dans le rapide près de son canot, le maintenant à la main, le retenant parfois à l’aide de la corde.
L’autre solution est de le retenir à l’aide de la corde depuis le rivage où on le suit en marchant. La plupart du temps, nous marchions dans le rapide. Il ne fallait alors pas avoir peur de se mettre à l’eau et d’affronter le courant ! Mais en plein mois de juillet, la rivière était relativement asséchée avec peu de fond. Marcher était alors facile et le courant, bien moins impressionnant qu’au printemps.

Yann, cordelant son canoë dans le rapide, sur la rivière Batiscan, Québec. © Félix Van Dorpe
Portager
Quand le cordelage n’est pas possible, il faut portager. Il s’agit alors de vider les canoë de leurs contenus : barils, sacs étanches, pagaies… et une fois vides, de les porter de l’autre côté du rapide depuis le rivage ou la forêt qui la borde. La largeur étroite des canoës et leur poids relativement « léger » (j’insiste sur les guillemets) permet de les porter seul. Mais c’est bien plus facile à deux voire à plusieurs si c’est possible !
Un canoë est généralement considéré comme une embarcation légère, facile à porter. Pour mes petits bras fébriles non habitués à l’exercice, je les trouvais plutôt lourds et le portage pénible. En porter un à moins toute seule m’aurait parû impossible si je n’avais pas vu Rebecca, notre guide, le faire, à maintes reprises et avec une facilité déconcertante.

Portage à plusieurs du canoë.
Une activité nature parfaite
Le canoë donne la possibilité à la fois de se relaxer en contemplant le paysage, comme de s’amuser dans les rapides. On ne s’ennuie donc jamais. Durant les moments de calme, nous avons pu observer des pygargues à tête blanche, magnifiques rapaces de grande ernvergure, emblème national des Etats-Unis. Les libelules et demoiselles ont également accompagnées notre expédition, tout comme le chant mélodieux du bruant à gorge blanche.
Les paysages qui bordent la rivière Batiscan sont majestueux. Les côtes sont bordés d’épicéas, entre épinettes et sapins. Parfois le paysage forestier laisse place aux imposantes montagnes brunes canadiennes. Pas de rencontre avec le moindre humain pendant près d’une semaine, pas de réseau ni d’internet, seulement les membres du groupe et soi-même, face à la nature, à bord de son canoë. Une coupure relaxante loin du monde civilisé.

Luisa et Félix, en canoë sur les eaux calmes de la rivière Batiscan, Mauricie, Québec.
Partir en expé canoë, c’est aussi apprendre à maîtriser son embarcation, que ce soit slalomer entre les rochers dans les rapides, s’arrêter en virage serré, ou faire demi-tour. Tout cela, demande l’acquisition d’une certaine technique. Il faut alors apprendre quelques mouvements de pagaie, accompagné de leur jargon : « appel », « appel en incidence », appel débordé, « coup en J », etc. Acquérir cette technique est très satisfaisant et plus le temps avançait, plus nous prenions confiance et plaisir. Au bout de quelques jours, on commençait même à s’attacher à notre canoë…
On peut faire du canoë en France, mais faire du canoë au Canada, sur les terres ancestrales où il a été créé, est tout de même une formidable expérience. Baigné par les paysages canadiens, on se plonge alors dans la peau des Indiens d’autrefois, bien avant le premier colon… A plusieurs reprises, tout en pagayant, mes cheveux tressés sur le côté, j’avais bêtement en tête, la chanson disney de Pocahontas.

Alex et moi dans les rapides de la rivière Batiscan, Québec. © Félix Van Dorpe.
Un voyage en canoë au Canada est une expérience extraordinaire que je n’oublierai pas et que je vous souhaite de vivre au moins une fois dans votre vie, que vous soyez complètement débutant en canoë comme moi, ou expert confirmé ! Merci à l’agence de voyages polaires 66°Nord pour ce voyage inoubliable.
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